Les abeilles sont des insectes aux nombreuses vertus. Plus grands pollinisateurs de la planète, leur rôle est essentiel. Face aux usages des pesticides et à la présence de prédateurs naturels, il convient de les protéger. Une récente étude à laquelle a participé l’Anses va dans ce sens.
« Les pesticides nuisent considérablement aux bourdons. Les données de 106 sites dans 8 pays européens montrent que malgré le renforcement de la réglementation sur les pesticides, il reste à faire plus ».
Les dangers auxquels font face les abeilles
Depuis plusieurs années, les abeilles sont en danger. Les colonies font face à un déclin qui pourrait avoir des répercussions sur la biodiversité et sur les êtres humains (la disponibilité alimentaire). Un phénomène de surmortalité est observé depuis les années 80 selon l’Anses, et s’explique par plusieurs facteurs.
L’activité humaine n’est pas étrangère à cette situation. Ce déclin s’explique, notamment, par l’agriculture intensive, l’artificialisation des sols ou encore l’utilisation de pesticides. À ces causes s’ajoutent le changement climatique, la diminution de la biodiversité (qui a pour conséquence la réduction de fleurs disponibles pour la pollinisation) et des phénomènes naturels (la présence de prédateurs et de pathogènes). Selon l’Anses, « on dénombre 29 agents pathogènes et prédateurs de l’abeille qui participent potentiellement aux affaiblissements et pertes de colonies d’abeilles ».
La prolifération de nouveaux prédateurs des abeilles représente un danger non négligeable. C’est le cas du frelon asiatique (Vespa velutina) ou du coléoptère des ruches (Aethina tumida). Des espèces envahissantes tout aussi problématiques pour les pollinisateurs que pour les humains.
Les recherches scientifiques sur la santé des pollinisateurs
Conscient de l’importance de ces insectes, le laboratoire Anses de Sophia Antipolis, est depuis plus de 40 ans, la référence internationale sur la santé des abeilles. Pour étudier la situation, les scientifiques ont participé à différents projets européens dans ce domaine.
À titre d’exemple, le 29 novembre 2023 sont parues dans la revue Nature, les conclusions du projet Poshbee. Intitulée « Évaluation, suivi et réduction à l’échelle européenne des stress pesant sur la santé des abeilles », cette étude a été menée entre 2018 et 2023 avec des partenaires issus de 14 pays européens dont l’Anses pour la France. En plus des abeilles, les scientifiques se sont également penchés sur le bourdon terrestre, un autre insecte pollinisateur.
Les chercheurs ont conclu, en étudiant le pollen collecté, que : « sur les sites où la plus grande quantité de résidus de produits a été mesurée, les colonies ont moins de descendants et un poids réduit ». En d’autres termes, l’usage de pesticides a un impact considérable sur les pollinisateurs.
Le 7 décembre 2023, l’Anses a organisé une rencontre scientifique pour présenter les données issues de ce projet et lancer des discussions sur les menaces actuelles et futures des abeilles. Les scientifiques estiment que d’autres facteurs contribuant au déclin des pollinisateurs sont encore inconnus. Pour d’autres, leurs effets sont incertains, comme l’usage des pesticides issus de nanotechnologies. L’Anses précise que leurs effets sur la santé des pollinisateurs ne sont encore pas totalement connus.
Sources :
L’étude : https://poshbee.eu/news/5597_commonly-used-pesticides-are-still-harming-bees/
Les données de l’Anses : https://www.anses.fr/fr/content/bourdons-usage-pesticides